Tim done

Les secondes tourbillonnent, évanescentes mais bien réelles. Prisonnières d'un être à peine plus haut que trois pommes. Attentives à ses moindres gestes et faits. Sans laisser place à l'exaspération, il saisit la parenthèse. Elle gagne toujours. C'est une idée pleinement acceptée. Toute lutte serait vaine. Elle ne connaît aucun mur. Aucun qu'il n'érige. A-t-il seulement essayé ? Non sans doute. Alors il capitule. Le temps se construit à la marche des errances. Il observe, échange. L'amusement distrait. Sans y penser. Elle palabre. Hésite. Elle est un acte à elle toute seule. Une vie trop vive. Mais jamais trop animée. Là, soudain, c'est une autre émotion. L'inquiétude qui se fait traits. Elle marque les lignes de son visage en cercle. Il jauge. Il sait. Qu'est le bruit si ce n'est l'absence de silence ? La présence de vie qui s'ancre entre les murs, hors les murailles, libre dans l'air. Il emplit le sien de notes, d'échos vivaces teintés de mille couleurs nés dans le creux de cordes décharnées. Sa nervosité n'a nulle raison d'être. L'existence se trouve dans les sons qui se font. Dans les attentions qu'elle capte. Dans les instants qui se créent. L'inaperçu n'a pas de prise. Il le lui signifie avec évidence. Ses joues en rougissent, se font écarlates. Il se retient d'agrandir son sourire en la voyant hésiter. Elle balbutie sans cohérence. Elle termine sur deux mots. Puis deux réflexions plus tard, agrémente d'une interrogation. Elle insiste sur le ça. Le ça qui marque tout. Ce qu'il est. Ce qu'il convoite. Il a fallu qu'il explique, qu'il présente ses raisons. La fierté n'est pas feinte. Elle n'est pas non plus masquée. Elle se trahit dans son sourire dont il ne cherche pas à retenir les traits. Le ça, c'est un tout. Presque tout. Une ambition inaltérable. Les astres auxquels il peut prétendre. Il l'abreuve de nouveaux mots mais les questions se poursuivent. Elle semble inquiète, encore. Folle idée. Il s'en amuse. Presque. "Douterais-tu de moi, Birdie ?" Il ferait presque mine de s'en vexer mais n'en joue pas la scène. "Je suis plus solide que j'en ai l'air. Promis." Le ton est bas, proche de la confidence. Ils reviennent à l'objet de sa présence. Cet animal qui se demande sans doute où il trouve. Ils devraient le ramener à l'extérieur. Au lieu de ça, ils restent encore. Il la retient. C'est à son tour de combler le silence. Il reprend son instrument et se perd. Il s'égare dans la mesure qui vibre. Il s'évapore dans la symphonie des sons. Ses tympans le guident, gouvernent ses phalanges. Il navigue dans l'obscurité, ne suit que la lueur des notes. L'objet vit entre ses doigts, dans le creux de son épaule. Il bataille avec les méandres, les détours capricieux. Il s'escrime sur la valse des rythmes et sur les envolées pernicieuses. Il redoute la fausseté. Il se retient d'y penser. Ne se concentre que sur la parcelle suivante, que sur le temps amené. Il vogue. Il s'abreuve. Il accroche la tension qui tenaille mais ne la relâche. Ne pas céder. Juste faire. Juste vivre. Juste jouer. Quand la suspension prend fin, il la conserve encore une seconde. Le silence qui naît de l'éclat est la plus précieuse des notes. Mais il ne peut durer. Alors avec un sourire qui revient, une interrogation. Pour l'animal. Surtout pour elle. Il sait qu'il n'a pas encore atteint l'excellence. Mais il espère avoir touché la grâce, au moins du bout des doigts. Le hochement de tête énergique qu'elle lui offre se passe de mots. Elle en ajoute cependant. La confusion navigue entre ses paroles. C'est évidemment de la créature qu'elle parle. Il n'est pas aveugle des illusions. Il prend le compliment. Il le sait sincère. L'émotion prime sur le savoir des élites qu'il connaît. J'espère que tu seras pris. Lui aussi. Il a peu de doutes. Plus qu'il ne devrait se le permettre. Rien que l'exercice en quête de perfection ne puisse effacer. Mais avant qu'il ne réponde, il observe l'inquiétude reprendre ce visage. Une question encore. Elles ne cessent jamais. La réponse lui semble évidente. Peut-être ne l'est-elle pas tant. Il se rapproche alors, se met à sa hauteur. Il l'observe avec un sourire plus doux qu'amusé. "Oui, Bi, je vais partir." Sans se départir de l'expression, il lève une main légère. Puis d'un doigt, il gomme la marque contrariée venue graver son front. Elle n'est pas à sa place. L'inquiétude n'a rien à faire sur cette figure. Surtout s'il doit en être l'objet. "Mais je reviendrai toujours, tu sais." Il dégage une folle mèche blonde de ses traits pour la placer derrière son oreille puis reprend sa main. "Promis" Encore une promesse. Il les tiendra toutes. Manquer à sa parole ne lui vient pas à l'idée. Il agrandit son sourire. "Et puis je m'ennuierai trop sans mon petit oiseau." Il accroche son regard aux perles qui sont ses yeux. Nourri de la certitude absolue de chacun de ses mots. Le doute a peu de place. Il est comme l'inquiétude. Une pensée que l'on efface. Ephémère dans sa réalité

Elle pleure, Birdie, elle pleure beaucoup trop et je déteste la savoir dans un état pareil. Ça me fait mal et surtout je réalise que quelque chose de grave est arrivé, ce qui explique son absence de deux ans. Deux années, c’est long, c’est interminable et les gens changent en deux ans. Moi je n’ai pas changé, je suis toujours le même. Certes, fiancé et assez peu sûr de là où son couple pourra nous mener mais j’ai décidé de lui donner une deuxième chance et sans que je ne sache réellement pourquoi l’idée de lui demander en mariage m’a semblée comme étant parfaite. Pourtant n’importe qui me dira que c’est une très mauvaise idée, surtout quand on sait que la demande en mariage m’est venue à l’esprit quelques mois après l’infidélité de Sofia. Mais justement, elle rêve de tout ça, elle. Le mariage, la stabilité et tous ces autres trucs-là qui me vendent à moi, beaucoup moins de rêve. Alors cette idée me semble ingénieuse, pourquoi pas lui demander en mariage ? Peut-être que ça lui donnera envie de rester, peut-être qu’elle n’aura comme ça pas réellement envie d’aller voir ailleurs. Qui sait ? Pourquoi pas ? Une réflexion plus étrange pour la plupart mais presque logique pour moi. Ne pas chercher à me comprendre de toute façon, c’est la règle d’or quand on commence à me connaître. J’ai une logique bien à moi et je sais que même Birdie sera très certainement outrée par cette révélation. Parce qu’elle n’en sait rien. Elle ne sait pas que Sofia m’a trompé et déjà qu’elle ne la portait pas dans son cœur, mais dans ce cas je sais qu’elle n’acceptera encore moins le mariage. Mais je l’aime, Sofia. Malgré tout, mes sentiments pour elle sont toujours là et j’ai bien compris que j’ai tout de même une part de responsabilité dans toute cette histoire. Je ne lui prêtais plus d’attention, trop souvent beaucoup trop plongé dans mes livres préparant ma thèse ou dans mes jeux-vidéos. On peut la blâmer autant qu’on le veut, parce qu’elle aurait pu simplement m’en parler et peut-être que cela aurait suffi pour m’ouvrir les yeux sur mon manque d’implication sévère dans notre couple. Elle aurait pu communiquer, mais elle a préféré me trahir. Et la pire trahison qui soit, la tromperie. Pour une fille qui se décrivait comme rêveuse d’une grande histoire d’amour c’est assez paradoxal. J’ai beaucoup moins de principe qu’elle, moins de rêve basé sur l’amour et le couple parfait mais pourtant moi, la tromper c’est quelque chose que je n’aurais jamais fait. Contrairement à elle, moi, Sofia, elle reste la seule femme avec qui j’ai couché. La fidélité, la confiance, c’est ça, le base du couple non ? Mais elle a décidé de tout piétiner, Sofia.

Tout ça, elle n’en sait rien ma meilleure amie. Parce qu’elle n’était pas là. Parce qu’elle a décidé de me tourner le dos pendant deux ans et si je ne suis pas du genre ultra-sensible et susceptible, là, je lui en veux. Parce qu’elle aussi elle aurait pu choisi la communication mais comme sa meilleure amie – ahaha – elle a préféré fermer les yeux et n’en faire qu’à sa tête. Mais finalement Birdie me donne des explications et elles sont bien plus acceptables que celles que ma fiancée m’a donnée pour son erreur à elle. Une agression. C’est bouleversant, ça me fait mal pour elle. Personne n’a le droit de faire souffrir ma meilleure amie. Personne. Mon histoire à côté de la sienne elle n’a aucune importance, elle est pathétique. Elle ne mérite pas ça, Birdie. Personne ne le mérite de toute façon mais là, on parle de ma meilleure amie. La numéro un. Ma sœur. Ma jumelle. Mon autre moitié, celle qui me connait le mieux et qui me comprend le mieux. Ça n’excuse peut-être pas sa disparition de deux ans mais ça l’explique en tout cas et après ça, comment est-ce que je suis encore censé lui en vouloir ? Comment est-ce que je suis censé lui dire à quel point son silence m’a blessé alors que finalement c’est elle qui souffrait le plus. Tout ça à cause d’un connard, d’un porc, d’un mec qui ne mérite même pas de vivre et si je le pouvais je le torturerais à coup de Doloris. Pendant des heures et des heures et je finirais par le tuer par un rapide Avada Kedavra. Mais je ne peux pas. Parce que je suis un moldu, malheureusement et je doute que Birdie accepte et ne parvienne à sourire malgré mon super sens de l’humour alors je reste sérieux. Oui, même si je ne le montre pas beaucoup même si j’ai tendance à laisser mon côté clown prendre bien trop souvent le dessus je peux rester sérieux quand je le veux.

“Il sera jamais devant toi. Qu’est-ce que ça aurait changé ?” Rien. Et puis je me ferais sûrement complètement dominer par ce mec, il suffit de voir ma carrure et ma dégaine pour vite se rendre compte que je ne suis pas ce genre de mec qui va réussir à s’imposer. “Je cherche pas le réconfort. Je veux que tu… Que tu saches que ce n’était pas contre toi. Que tu m’as manqué, terriblement, plus que je l’aurai imaginé. Que t’es important dans ma vie et que ça n’arrivera plus jamais.” Et si habituellement Birdie fait des déclarations d’amour à sa manière à coup de jurons d’insultes, de menaces et de petits coups donnés sur l’épaule des vrais mots sincères de ce genre, j’en ai rarement entendus. Elle se livre, elle se met à nue devant moi et je sais ô combien c’est compliqué pour elle. Je pourrais lui dire qu’elle doit porter plainte qu’il est encore temps et que ce n’est pas trop tard mais je n’en fais rien. Parce qu’elle le sait tout ça, et qu’elle n’a pas besoin de moi pour ça. “Si tu m’en laisses le droit.” De revenir dans ta vie. “Je ne pourrai pas réparer les deux ans d’absence mais… Mais je serai là pour les deux prochaines. Et toutes celles d’après encore.” On laisse un peu le drame derrière nous, et un petit sourire s’étire sur mes lèvres. « J’espère bien. » C’est pas dit d’un ton méchant ou agacé, au contraire. « Parce que t’en as loupé des choses mais tu pourras toujours te rattraper. » Est-ce que finalement elle a réellement loupé beaucoup ? Non, pas vraiment, non. « Tu vas bientôt devoir m’appeler Docteur Dunham, si ça c’est pas trop la classe quand même. » Si si, c’est la grande classe. Sauf que moi je vais pas sauver des vies mais étudier une espèce en voie de disparition. « Je suis en train de préparer ma thèse, c’est dur mais je m’accroche. Je passe une bonne partie de mes journées et de mes nuits à faire des recherches. Tu te rends compte que j’ai pas eu le temps de toucher à une manette depuis environ dix heures ? » Scandaleux et surtout assez étonnant de ma part. Je ne lui ai pas dit mot pour mot que je lui pardonnais son absence mais c’est ce que mon petit discours veut dire, et elle me connait assez pour le comprendre.

Sofia se sent un peu prise au piège, est-ce un test ? Est-ce un piège ? Pourquoi il a fallu qu'elle prétende dormir avec le blond ? Pourquoi elle se grille toute seule alors qu'elle n'a rien à prouver à personne et surtout pas à Birdie ? Est-ce que Will dort avec son dinosaure ? Est-ce qu'il a même un jour vraiment dormi avec un dinosaure. Inventes un truc, improvise, dis quelque chose Shaw sinon tu vas te faire cramer. « Euh je t'avoues que je n'ai pas fais attention à ça, les yeux de Will sont trop hypnotisant pour que mon attention se porte sur autre chose. » Minable Shaw, minable., elle réalise qu'elle a encore beaucoup de choses à apprendre, beaucoup de choses à découvrir mais tout ça c'est absolument normal, elle ne connaît Will que depuis quelques semaines, mais alors pourquoi elle ment ? Pourquoi elle prétends savoir des choses ou partager des choses avec lui si ce n'est pas vrai ? Elle se sent déstabilisée face à la blonde. Jugée peut-être. Testée sans doute aussi. Et si elle jugeait que Will méritait mieux ? Si elle décidait que Sofia n'était pas faite pour le blond ? Si elle usait de son charme pour éloigner Will de sa vie ? Sofia n'a jamais ressentie ça, ce sentiment d'incertitude, de doute face à une autre femme. Elle ne s'est jamais sentie menacée non plus. Mais pourtant Birdie a ce pouvoir, cette assurance, cette espèce de certitude en elle qui lui permet d'avancer ses pions, de poser ses questions et de faire doucement fondre la jeune Mexicaine. Elle ne se sent pas à son aise, pas à sa place et pourtant elle ne bouge pas. Elle découvre la concurrence, elle découvre la jalousie, elle découvre un tas de trucs et peut-être que ça la conforte dans un truc, si elle ressent tout ça, c'est peut-être aussi parce qu'elle ressent pour Will, ce qu'elle n'a jamais ressenti pour personne. Et ça vaut le coup qu'elle se bat pour lui non ? Même s'il n'est pas question de se battre, juste de faire sa place et elle constate ce soir, qu'elle devra jouer des coudes parce que ce n'est pas Birdie qui va s'écarter pour lui laisser la voie libre. “Je n’ai pas besoin d’être physiquement avec lui pour être collée à lui. Tout se passe dans la connexion là.” Tant que tu restes dans une connexion purement mentale et que tu le touches pas, ça devrait bien se passer ou du moins pas trop mal. La jalousie de Sofia se fait ressentir alors qu'elle ne supporte pas l'idée de voir son mec collé à une autre femme, mais c'est le lot de toutes les femmes non ? Personne n'a envie d'entendre une femme parler de la connexion physique qu'elle entretient avec son mec, surtout après avoir avouée avec un sourire fier qu'elle partageait aussi le lit de ce même mec. Sofia est pas sûre d'elle face à Birdie, mais elle est sûre d'être dans le vrai dans ce qu'elle ressent vis à vis de cette fille, c'est un danger qu'elle va devoir surveiller de près. Et cette soirée, même si elle ne s'annonce pas excellente faible euphémisme, peu s'avérer intéressante pour en apprendre plus sur cette rivale. Parce que désormais dans l'esprit de Sofia, il y a une alerte qui se déclenche à l'entente du prénom Birdie, une alerte qui lui dit qu'elle n'a pas le droit à l'erreur et qu'elle doit se montrer irréprochable parce que la moindre faille pourrait être exploitée pour venir précipiter la fin de son couple. Elle est sans doute dans l'abus la Mexicaine, et c'est d'autant plus fou que ce n'est pas dans son caractère d'être méfiante, mais elle a dix-sept ans, elle découvre l'amour et elle y tient, et c'est peut-être son côté un peu sang chaud de ses origines Mexicaines qui ressortent mais elle se méfie, elle s'interroge, elle réfléchit avant de répondre aux questionnements de la blonde. « On y va toutes les semaines, alors on choisit chacun notre tour, ça me semble juste. » C'est un peu faux, parce qu'elle a un petit caractère Sofia et elle aime bien avoir le dernier mot, mais la relation n'en est qu'à ses prémices et elle veut plaire à Will, comme lui essaye de lui plaire, même si ce soir, clairement il ne semble pas s'être donné la peine de le faire. Mais c'est un détail sur lequel elle ne s'attarde pas.

Pas plus qu'elle ne s'attarde sur les pics que lui lance la blonde. “Le reste du monde est un mystère puisqu’il n’a jamais rien eu de sérieux.” Ne pas lui montrer que ses mots ont de l'impact sur toi. Ne pas lui montrer qu'elle peut te déstabiliser. Ne pas lui donner ce plaisir. Elle se contente de sourire, un sourire faux qu'elle semble avoir figé sur ses lèvres en présence de Birdie. Elle veut la faire douter sur Will et ses intentions ? Elle veut la faire douter sur les chances de leur couple ? Sur l'intérêt que le blond peut porter à Sofia ? Et elle est pas loin d'y arriver, même si Sofia ne se laisse pas démonter, mettant en avant certains atout qu'elle possède. Se faire dévisager de la sorte par une femme, c'est pas franchement la chose la moins gênante qu'elle ait eu à vivre mais elle ne dit rien de plus, elle lève les épaules, le menton et la poitrine et elle ne se démonte pas. “Oh, ne sous-estime pas le pouvoir d’une manette, chérie. Même si je suis convaincue qu’il a trouvé d’autres boutons à apprivoiser qui font autre chose qu'éjecter des peaux de banane.” D’où tu m'appelles chérie toi? La tension se fait un peu plus grande chez la Mexicaine, mais elle ne réplique pas, du moins pas avec froideur, parce qu'elle ne veut pas se laisser déstabiliser, ou du moins lui montrer qu'elle est en train de gagner ce jeu qui ne rime à rien ou à pas grand chose, parce qu'il n'y a rien à gagner non ? Mais beaucoup à perdre pour Sofia. « Comptes sur moi pour te tenir au courant, je te dirais s'il est aussi doué pour ça qu'il ne l'est avec une manette. » Ne rougis pas Sofia, surtout ne rougis pas, ne montre pas que tu es novice, que tu ne parles pas de ça, pas comme ça normalement. Le sourire que Sofia rends à Birdie est assez évocateur, et c'est peut-être la première fois qu'elle évoque l'idée d'expérimenter ce genre de chose avec Will, d'expérimenter tout court d'ailleurs mais c'est plus fort qu'elle, devant Birdie elle ne recule pas. Et si pour provoquer un peu la blonde elle doit mettre dans son esprit la vision de son meilleur ami dans les bras d'une femme, elle en l’occurrence, Sofia va le faire et même si c'est minable comme procédé. Surtout que ce n'est pas son genre, elle n'est pas aussi à l'aise qu'elle veut le faire croire et elle le prouve quelques minutes plus tard en avouant à demi-mot n'avoir jamais rien vécu de mémorable, sans pour autant lui avouer totalement qu'elle n'a jamais rien fait avec un homme. Ce n'est pas le genre de chose dont elle veut parler avec Birdie. Et c'est pas les ricanements de la blonde qui vont la rassurer ou lui donner envie de se confier. “Tu vas faire subir à Will le trio infernal ? Logement, mariage, enfant ?” Elle sent la moquerie dans les propos de Birdie, elle se sent jugée encore et c'est peu agréable. Pas à la hauteur de Will, voilà comment elle se sent alors que Birdie ne se contente pas de garder ses remarques pour elle même. « J'ai dix-sept ans, alors pour le mariage, les enfants on est clairement pas là encore, je ne vais rien faire subir à Will qu'il n'en ait pas envie. » Elle insiste sur le mot subir parce qu'elle ne laissera pas Birdie sous-entendre qu'elle va souffrir le geek. C'est une romantique oui sans aucun doute, une idéaliste un peu aussi, mais elle ne compte pas se précipiter dans sa première vraie relation, elle n'a que dix-sept ans après tout. Et à dix-sept ans elle n'a pas envie d'un enfant, ou d'un mariage. Juste une belle histoire d'amour, c'est déjà pas mal. “C’est adorable. Vraiment chou. Alors Will est l’Elu tu penses ? Est-ce qu’il y a le coup de foudre magique quand tu l’as embrassé pour la première fois ?” Je ne crois pas que ça te regarde ça non? Elle a encore les ricanements de Birdie dans la tête, les moqueries de la blonde quand elle a évoqué sa notion de l'amour, un coup qu'elle regrette désormais mais qui lui a permit d'apprendre une leçon. Birdie ne croit pas en l'amour ça c'est sur, elle piétine les espoirs et les rêves des autres, et c'est triste pour elle mais ce n'est pas le problème de Sofia. Elle a sa vision de l'amour, elle a ses propres espoirs et elle ne doit aucun compte à Birdie. « Je l’apprécie beaucoup. » Voilà ce qu'elle aura comme réponse, et c'est tout. A quoi bon parler de coup de foudre avec la blonde alors qu'elle dénigre complètement toute la notion d'amour ? Et puisque finalement, depuis tout à l'heure c'est Sofia qui subit les questions de Birdie, la Mexicaine, échange les rôles, ce qui provoque un rire franc chez la blonde. Quoi encore ? C'est une question importante non ? Tu ne crois peut-être pas à l'amour mais tu es bien trop proche de l'homme que je convoite et c'est une situation qui mérite une petite discussion, sauf que je ne peux pas te le demander comme ça. “J’ai de la place pour tout le monde, darling, sache-le.” Chérie, darling, elle m'a déjà appelé par plus de surnoms que Will, et c'est pas pour me plaire. “C’est quoi, le vrai but de ta question ? Si c’est savoir que Will est le seul de mon existence, la réponse est non.” Les autres au fond ce n'est pas le problème de Sofia, elle s'en moque, le seul qui compte, le seul qui ait un vrai intérêt dans tout ça, c'est Will Dunham. Celui qui fait battre son cœur, qui fait dilater ses paupières quand elle l'aperçoit, c'est Will et c'est pour lui qu'elle est là. C'est pour lui qu'elle supporte Birdie, qu'elle laisse la blonde l’entraîner dans le salon. « Pas le seul mais il fut l'un d'eux ? » Peut-être qu'elle n'aurait pas du poser cette question. Peut-être qu'elle aurait du retrouver une légèreté, un sourire de façade et se contenter de prendre un verre et boire pour profiter de cette soirée loin de Birdie. Mais cette situation est amenée à se reproduire, elle le sait, elle en a conscience et plus vite les choses seront claires entre elles, plus vite Sofia saura à quel point elle devra se méfier de la blonde à l'avenir. Ou peut-être qu'une fois les choses posées, elles pourront s'apprécier. Oui peut-être après tout, elles ne se connaissent pas, et si elles finissent par comprendre les intentions de l'une et de l'autre, peut-être qu'elles arriveront à s'entendre. L'espoir fait vivre non ? Et Sofia en a généralement beaucoup. “Explique-moi un peu ce que tu trouves chez Will. Vous vous êtes rencontrés comment, déjà ?” Pour la deuxième fois, je ne crois pas que ça te regarde ça, et elle marche pas pour ça ta super connexion télépathique ou que sais-je avec Will ? Tu devrais le savoir non ? Non Sofia, pas de position de défense, pas d’agressivité, pas de suspicion, ce n'est pas une agression, ce n'est qu'une simple question. Elle veut te tester, c'est normal. Ou pas mais tu n'as pas le choix. « Il me fait rire. Énormément rire. J'aime son côté passionné, la façon avec laquelle il défends ses positions quand c'est important pour lui, même s'il est parfois de mauvaise foi. J'aime ses yeux aussi. » Oh oui ses yeux, c'est quelque chose le regard de Will. Elle pourrait aussi lui dire qu'elle se sent bien à ses côtés, qu'elle se sent à l'aise avec lui, qu'elle aime l'écouter parler et débattre de cinéma avec lui mais ça, Birdie n'a pas à le savoir. « Pour notre rencontre, tu sais y'a rien de croustillants. Tout ce qu'il y a de plus banal, on débattait d'un film avec des amis et Will est venu régler la discussion en quelques secondes. » Banal en somme, mais ce n'est pas là le plus important, c'est ce qu'ils écrivent ensuite ensemble et ça, Birdie n'aura pas le reste des détails.